Monajat Yulchieva

Biographie

Monajat Yulchieva
La voix et l'âme de l'Ouzbekistan
Ouzbekistan
En tournée
4 artistes sur scène

Monajat Yultchieva, chant
Shavqât Mirazev, rebâb
Shurat Razzakov, luths dotar et tanbur
Hodjimurad Safarov, tambour doïra

Monajat Yultchieva est née en 1960 dans un kolkhoze de la vallée de Fergana où son père est camionneur et sa mère ouvrière dans les champs de coton. Elle manifeste très tôt son goût pour le chant, captant les mélodies traditionnelles diffusées à la radio avec une voix qui lui vaut un premier prix dans un concours scolaire. À 18 ans, lorsqu’elle ne peut entrer au Conservatoire de Tachkent dans la section d’opéra, Shawqât Mirzaev, virtuose du rebâb et professeur de musique orientale, bouleversé par sa voix, lui propose de la faire travailler et de lui transmettre la tradition savante ouzbek héritée de son père le compositeur Mohmmad Jân Mirzâev qui a introduit le rebâb, luth à cinq cordes des Ouigours de Kashgar. Après deux années d’intense apprentissage il organise un programme de télévision où Monâjât fait une prestation éblouissante. Devenue célèbre dans tout le pays, elle continue à étudier pendant cinq ans dans la section de musique traditionnelle. Commence alors une carrière fulgurante qui l’amène à donner de nombreux récitals en Asie centrale et à travers le monde, notamment en Russie, au Festival des musiques sacrées de Fez et à Paris au Théâtre de la Ville. Considérée chez elle comme une bonne fée qui a redonné vie aux anciennes mélodies, la chanteuse la plus célèbre d’Ouzbekistan partage aujourd’hui son temps entre les concerts et son activité professorale au Conservatoire.

 

Porté par les notes perlées des luths, les coups brefs et réguliers du tambour, le chant de Monâjât avance, stable, puissant, impérial. À la fois planant et véhément, il balance entre la finesse des miniatures persanes et l’ivresse des tapis volants. L’ensemble est apaisant comme une méditation sur le temps qui passe. La voix évolue du grave à l’aigu avec une aisance rare, une époustouflante maîtrise du souffle sans que l’effort soit perceptible. C’est à son don naturel et à une pratique quotidienne que la grande chanteuse classique d’Ouzbekistan doit un superbe timbre d’alto et une technique vocale sans faille. Pour elle, « la voix est comme la lame d’un couteau, si on ne l’aiguise pas elle rouille ».

Distinguée et altière, Monâjât Yultchieva est une femme de caractère. Elle est la première en Ouzbekistan à s’être attaquée au répertoire masculin qui fut mis en veilleuse pendant la période soviétique comme le vestige d’un passé révolu. Célèbre dans son pays, acclamée sur les scènes internationales, elle assume le rôle d’ambassadrice de la musique ouzbek avec un mélange de réserve et de ferveur qui n’entame en rien sa volonté d’indépendance.

Elle refuse d’animer les traditionnelles fêtes de mariage où tous les chanteurs se produisent parce que les chansons s’y débitent à la chaîne, et bien qu’excellant dans les subtilités de la musique d’inspiration soufie, elle ne veut pas se laisser enfermer dans le répertoire religieux. Ses récitals font une large place au style de Fergana, sa région natale, associant musique de cour et musique populaire. La beauté des ghazals et des chants d’amour mystique ou charnel tient à l’ornementation mélodique et au contenu poétique qui malheureusement échappe aux oreilles étrangères, mais pour Monâjât qui communie avec le sens profond des sons et des mots «la langue de la musique unit les êtres et leur permet d’accéder aux sentiments qu’exprime le chant sans en comprendre les paroles ».

La musique ouzbek ne fait pas de place à l’improvisation. Dans la forme classique du maqâm (suite de pièces ou mode, l’équivalent du raga indien), la mélodie tend vers un point culminant awj (acmé ou zénith), aussi musical que spirituel, où la voix grimpe très haut. Tout en respectant les règles strictes du canevas musical, Monajat transpose le suraigu nasillard des chanteurs masculins traditionnels dans son registre d’alto somptueux, inventant des nuances qui donnent aux mélodies classiques une nouvelle profondeur.

Soutenue et accompagnée depuis vingt ans par celui qu’elle considère comme son « maître de musique » SHAVQÂT MIRZAEV, virtuose du luth rebâb, Monâjât Yultchieva a crée avec une application modeste et consciencieuse un style personnel, alliant harmonieusement respect des formes classiques et innovation vocale, qui fait d’elle aujourd’hui une des toutes premières interprètes des musiques savantes d’Asie Centrale.

Geneviève Dournon

 

REFERENCES

Palais des Beaux Arts - Bruxelles (BE), Womad Charltonpark (UK) , Festival International de Carthage - Tunis (TU) Festival Mawazine - RABAT (MA), Grand Théâtre de Calais (FR), Musiqat - Sidi Bou Said (TU), Festival International de Musiques Sacrées de Fribourg (CHE)

Promotion Artiste

Audio

Alternative content

Discographie

2005
Concert au Théâtre de la Ville : la belle et l'implorante [DVD]
Eva productions
1997
A haunting voice, Ensemble Shavkat Mirzaev, Yulchieva Munadjat
World Network
1994
Ferghâna maqam
Ocora
Live in Concert, Master of Uzbek Maqom [DVD]
Tuses